Réarmement : les travailleurs refusent de payer la facture

Rédigé le 01/04/2025
par Valérie Forgeront, L'inFO militante

Si l'exécutif souligne une situation budgétaire «difficile» et laisse déjà à comprendre que 2026 pourrait porter des mesures encore plus rudes, les travailleurs refusent toute atteinte à leurs droits, qui plus est sur l'autel d'un «réarmement» dont ils n'ont pas à payer les «efforts».

Un cauchemar. Ainsi était qualifiée le 26 mars par la porte-parole du gouvernement, la préparation prochaine du projet de loi de finances pour 2026. Un PLF qui prévoit d'afficher des mesures permettant de ramener le déficit public à 4,6% du PIB, contre 5,4% cette année et après 5,8% en 2024 (niveau finalement moindre qu'annoncé initialement, à 6,1%).

Chacun sera mis à contribution prévient Sophie Primas annonçant une grande conférence sur les finances publiques en avril qui va associer tout le monde. L'exécutif entend réorienter l'économie et notamment les investissements publics vers le réarmement, avec un soutien renforcé aux entreprises. D'ores et déjà, une aide (via BPI France et la Caisse des dépôts) de 1,7 milliard d'euros pour doper les fonds propres des entreprises de défense est annoncée. Quant aux particuliers, ils pourront participer à l'effort de réarmement, en plaçant de l'argent (au minimum 500 euros) dans un nouveau fonds BPIFrance Défense visant 450 millions d'euros et géré par BPI France. A noter qu'en février dernier, le taux de rendement des livrets d'épargne, livret A et LDDS, détenus souvent par les plus modestes, est descendu à 2,4% contre 3% depuis mi-2023.

Indicateurs économiques en berne

Qui va payer au final les efforts publics de réarmement? Pour le gouverneur de la Banque de France la réponse est malheureusement claire, c'est forcément de la dépense publique. Dès le 6 mars, FO a dit son opposition à plus d'austérité sur les politiques publiques.

Sur fond d'une croissance toujours en berne – la banque de France a abaissé sa prévision à 0,7% en 2025 –, d'une consommation des ménages de nouveau en recul (-0,6% en février après -0,6% en janvier), d'un moral de ces ménages en baisse aussi une nouvelle fois en mars, – et toujours bien en dessous de sa «moyenne historique» note l'Insee –, d'un chômage qui remonte (+2% en février en catégorie A), les travailleurs, actifs et retraités, entendent porter plus que jamais leurs revendications. Notamment d'une véritable réindustrialisation, d'autant que 2024 a été marqué par un solde net négatif des créations d'usines note lui-même le baromètre du ministère de l'Economie. D'autant aussi que le solde net de créations d'emplois dans l'industrie était en fort recul.

Nos revendications toujours

Avec FO, les travailleurs demandent notamment la protection et le développement des emplois, une hausse massive des salaires, des moyens à la hauteur des besoins pour l'ensemble des services publics. Ils dénoncent entre autres par ailleurs l'abaissement du plafond des indemnités journalières d'arrêt maladie, en vigueur depuis ce 1er avril (décret du 21 février) et visant une économie de 600 millions. Ils fustigent aussi la proposition, notamment du Medef et du président du COR, de supprimer l'abattement fiscal de 10% sur les pensions. Par ailleurs, et tandis que le Premier ministre a confirmé son opposition à un retour de l'âge légal de départ en retraite à 62 ans, les travailleurs, avec FO (qui a quitté dès le 27 février la concertation), demandent toujours l'abrogation de la réforme injuste de 2023, plaçant à 64 ans l'âge légal de départ.