Pourquoi ArcelorMittal Méditerranée relance son second haut-fourneau à Fos-sur-Mer

01 octobre 2020


Contrainte de ne plus tourner qu’avec un seul haut-fourneau pour faire face à l’effondrement de plus de 50 % de ses marchés, l’usine d'ArcelorMittal de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) a commencé les opérations de remise en route du haut-fourneau arrêté le 23 mars 2020.

"C’est une bonne nouvelle économique et sociale" pour Bruno Ribo, directeur d’ArcelorMittal Méditerranée. Alors qu’au printemps 2020, la crise faisait redouter des conséquences dramatiques durables pour les installations sidérurgiques de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), il a annoncé le redémarrage progressif du premier haut-fourneau mis à l’arrêt le 23 mars 2020 avec un convertisseur et une coulée continue.

La visibilité sur les marchés d’Europe du Sud, servis par les aciers issus de l’unité, a montré "des signaux positifs" pour justifier cette décision.

"Nous avons réévalué à nouveau les indices économiques sur le quatrième trimestre 2020 et le premier semestre 2021. Cette réévaluation nous permet aujourd’hui de redémarrer", indique la direction qui a mobilisé ses équipes opérationnelles internes et de sous-traitance sur l’opération et affirme avoir repris le recrutement d’intérimaires en renfort. En temps normal, le sidérurgiste emploie 2 500 salariés et s’appuie sur 1 500 sous-traitants. Les outils de production en amont et en aval du haut-fourneau seront remis en service dans les semaines à venir.

L’usine va donc pouvoir refonctionner à nouveau avec ses deux hauts-fourneaux, le second ayant finalement poursuivi son activité bien que son arrêt éventuel ait également été un temps évoqué pour le mois de mai si la situation économique le nécessitait. Pour conduire les opérations, l’entreprise s’adapte à des conditions sanitaires très strictes de protection de l’ensemble des personnels : "Toutes les personnes qui peuvent télétravailler - plus de 500 personnes - le font et se limitent à une présence sur site un jour par semaine, ce qui permet d’entretenir le lien social au sein des équipes" poursuit un porte-parole d’ArcelorMittal Méditerranée.

Pas de licenciement, reprise des investissements

Bruno Ribo avait promis au printemps 2020 que l’usine repartirait "dès que les conditions seraient réunies". Pour l’heure, le niveau d’activité visible se situerait à hauteur de 80 %. Mais la prudence reste de mise, le directeur arguant d’un contexte toujours "très incertain".

Un état d’esprit que partage l’industrie régionale en général, selon l’enquête de conjoncture dévoilée le 29 septembre à Marseille (Bouches-du-Rhône) par la délégation régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur de la Banque de France. Le niveau d’activité de l’industrie dans la région est évalué à 83 % contre 89 % en moyenne nationale. Les investissements industriels devraient chuter de plus de 19 % en 2020. "Nous ne sommes pas revenus au niveau d’avant la crise et les industriels du territoire semblent plus souffrir qu’ailleurs. Si la demande nationale a rebondi, la demande internationale reste un frein. Mais les mesures de l’Etat sur le PGE, le chômage partiel ou les reports de charges fiscales et sociales ont joué un rôle d’amortisseur" note Bernard Benitez, adjoint au responsable des affaires régionales de la Banque de France.

ArcelorMittal Méditerranée confirme que le recours au chômage partiel lui a permis de passer sans licenciement le cap d’une période de six mois à 50 % d’activité. La direction souligne néanmoins que dès la fin du confinement, tous les investissements relatifs à l’amélioration de son empreinte environnementale ont été relancés. Un engagement dont se réjouiront les communes et populations riveraines du site.

source: LUSINENOUVELLE